La pratique du monotype est peu répandue parmi les artistes du début du XXe siècle : c’est néanmoins une technique à laquelle Picasso s’essaie à plusieurs reprises au cours de sa carrière, et dont Brigitte Baer et Bernhard Geiser recensent 138 productions [^1]. La première série remonte à 1905-1906 (Baer 251 en 1905 ; Baer 248 à 250 en 1906). Sur ces cinq monotypes, trois sont conservés dans les collections du musée [MP3171 , MP3172 (r) et MP3173] et évoquent l’antiquité grecque tant par les motifs choisis que par les couleurs utilisées. Dans le Nu debout, mains croisées derrière le dos, un nu féminin aux formes sculpturales se détache sur un fond de couleur rouge rappelant les fresques pompéiennes et les études du carnet de dessin de la période rose ([cat. MP1857, notamment Étude pour Le Harem : la toilette [MP1857 (52r) ] et Étude pour Le Harem : nu se coiffant [MP1857(64r) ]) ou encore Femme nue devant une tenture [MP515] réalisées à Gósol. La couleur, appliquée sur la plaque de verre en couche épaisse, confère au fond une certaine profondeur, dont la figure se détache d’autant plus. L’artiste met en oeuvre dans ce monotype un travail intéressant sur les rendus : la zone grattée sous les pieds du modèle se distingue nettement du fond rouge plus vaporeux, lui-même contrastant avec le corps demeuré en réserve derrière le tracé noir qui le révèle.

[^1]: Voir Brigitte Baer, d’après Bernhard Geiser, Picasso peintre-graveur. Catalogue raisonné de l'oeuvre gravé et lithographié et des monotypes, 1899-1972, Berne, Kornfeld, 1986-1996, vol. 1 et 2.