- Max Jacob : le cubisme fantasque / (directeur de publication), Michaële Liénart ; (éditeur scientifique), Elsa Belaieff ; (commissaire d'exposition), Jean-Roch Dumont Saint-Priest. - Paris : Lienart ; Céret : Musée d'art moderne, DL 2024
n° isbn 978-2-35906-442-1
- ill. et txt. p.20-21
- Max Jacob, le Cubisme fantasque : Céret (France), Musée d'art moderne de Céret, 29 juin 2024-02 décembre 2024
Cette petite nature morte présente, sur un coin de table, un pichet, une forme sphérique, peut-être un fruit, et un autre élément aux contours moins définis, dessinés à l’encre rose. Une série de traits à l’encre bleue matérialisent la surface de la table et indiquent les ombres. D’autres signes énigmatiques sont griffonnés au-dessus du meuble. L’inscription manuscrite de Max Jacob sur le pourtour permet de préciser le contexte de création. Picasso dessine sur le fond du chapeau de paille de son ami poète au retour d’une représentation au Théâtre antique de la nature de Champigny sur-Marne. Fondé par Albert Darmont, ce théâtre en plein air, inauguré le 23 juillet 1905 et ouvert chaque été jusqu’en 1913, pouvait accueillir cent figurants dans des décors de vingt mètres de haut. Une lettre de Max Jacob à Picasso du 7 juillet 1906 le mentionne : « […] il paraît qu’il va y avoir pèlerinage au théâtre de Champigny pour une pièce de Moréas[^1] », annonce-t-il. Cette indication, comme les motifs de cette oeuvre, proches de certaines natures mortes réalisées à Gósol, invitent à la dater de la fin de l’été 1906, au retour de Catalogne. Annonçant le goût de Picasso pour la récupération et le détournement des matériaux, ce fond de chapeau dessiné témoigne de l’amitié entre les deux hommes et des échanges croisés de dons et de contre-dons qui les unissent.
[^1]: Lettre retranscrite dans le catalogue Max Jacob et Picasso, Hélène Seckel et André Cariou (dir.), Quimper, musée des Beaux-Arts, 21 juin-4 septembre 1994 et Paris, musée Picasso, 4 octobre-12 décembre 1994, Paris, RMN, 1994.