Ce visage figé et vide appartient au cycle des portraits de la période bleue. Les traits émaciés sont soulignés par les ombres que le jeune Picasso trace à plusieurs reprises, d’un geste rapide, creusant ainsi les joues et les cavités des orbites. Le visage délimité par les cheveux accentue la sobriété du faciès rappelant les dessins de ces femmes acculées par la misère de la prison de Saint-Lazare ou encore de ceux exécutés à la morgue de l’hôpital de la Santa Creu i Sant Pau de Barcelone comme *Femme sur son lit de mort *(1903, MPB112.109). En effet, plusieurs similitudes se retrouvent, notamment le haut front, les lèvres fines légèrement esquissées et le visage amaigri aux cheveux tirés et coiffés en chignon. Observons aussi ces yeux en amande et le prolongement des arêtes du nez par l’arcade sourcilière finement tracée, schématisation caractéristique et propre aux figures picassiennes de cette époque. Durant cette période prolifique de dessins entre 1902 et 1903, l’artiste réutilise cette Tête de femme dans certaines études de maternités (1902, coll. part., Z. VI, 403 et 416). Nous y reconnaissons les traits de ce visage fermé, détouré et hiératique, avec ces yeux ovoïdes surmontés de sourcils bien démarqués.