Roméo Mivekannin

Résumé :
Retour sur l'intervention de l'artiste dans le cadre de la table ronde "Dialogues contemporains : autour de Guernica", issue de la séance "Réception contemporaine de Picasso" du Symposium Célébration Picasso.

Les œuvres de Roméo Mivekannin créent un théâtre où le public est invité à rejouer l’histoire à sa manière, à se réapproprier les représentations dont il a pu être l’objet. L’artiste choisit de s’inviter là où on ne l’attend pas et de déjouer la place qui lui a été assignée. Il s’introduit comme par effraction dans l’espace de la peinture classique européenne, plastiquement par son autoportrait, symboliquement par le renversement que cette réinterprétation implique, d’un regard subi à un regard choisi. Si l’effraction en appelle toujours à la fracture, chaque nouvelle expérience de l’artiste prolonge son geste d’incarner le contre-récit de certains discours de domination, en se saisissant avec ironie et subtilité de l’acte d’autoreprésentation. Sous des formes plurielles et toujours sensibles, Roméo Mivekannin tente de répondre à la dépossession de sa propre image et de fissurer les rouages d’un pouvoir qui capture l’imagination d’individus ainsi que leurs corps visibles et tangibles.

Il participa notamment à l’exposition « Picasso Remix » (2022) à la galerie Le Manège, à Dakar, exposition d’art contemporain proposant un dialogue autour de la figure de Picasso, et qui s’inscrit dans le cadre du cinquantenaire de l’exposition « Picasso » au Musée dynamique de Dakar. Dans cette exposition, Roméo Mivekannin présente un somptueux Guernica (2022) en drap et aux mêmes dimensions que le tableau de Picasso, rappelant ainsi toute l’actualité de l’œuvre quant aux violences et aux menaces qui pèsent encore sur les vies humaines, fragilisées par l’horreur de la guerre. Dans le même exercice de correspondance et de parallèle, il a également réalisé une œuvre inspirée des Demoiselles d’Avignon (2022), poursuivant son dialogue complexe et direct avec le peintre espagnol. Confronté à l’incapacité de s’identifier lui-même aux représentations de Picasso et à ses récits de l’histoire, Roméo Mivekannin substitue son propre portrait à ceux des personnages originaux. L’apparition répétée du visage de l’artiste trouble ainsi le spectateur et fait de l’acte de représentation un rituel intime d’accession à l’identité.

Roméo Mivekannin Guernica d’après Pablo Picasso, 2022 Acrylique et bain d’élixirs sur toile libre, 350 x 750 cm
Crédits
Courtesy de l'artiste et de la Galerie Cécile Fakhoury © Roméo Mivekannin, Adagp, Paris, 2024
Photo : Grégory Copitet

Roméo Mivekannin
Guernica d’après Pablo Picasso, 2022
Acrylique et bain d’élixirs sur toile libre, 350 x 750 cm 

Roméo Mivekannin Saint Jean-Baptiste d'après Caravage, 2022 Pigments er acrylique sur toile libre, 187 x 121 cm
Crédits
Courtesy de l'artiste et de la Galerie Cécile Fakhoury © Roméo Mivekannin, Adagp, Paris, 2024
Photo : Grégory Copitet

Roméo Mivekannin
Saint Jean-Baptiste d'après Caravage, 2022
Pigments er acrylique sur toile libre, 187 x 121 cm

Roméo Mivekannin Les Demoiselles d’Avignon d’après Pablo Picasso, 2022 Acrylique et bain d’élixirs sur toile libre, 257 x 252 cm
Crédits
Courtesy de l'artiste et de la Galerie Eric Dupont © Roméo Mivekannin, Adagp, Paris, 2024

Roméo Mivekannin
Les Demoiselles d’Avignon d’après Pablo Picasso, 2022
Acrylique et bain d’élixirs sur toile libre, 257 x 252 cm