Dans ce portrait de Fernande Olivier, la compagne de Picasso est représentée le visage de trois quarts, les yeux en amande, très allongés, avec une abondante chevelure coiffée en chignon et un cou solide. Cette gravure à la pointe sèche s’inscrit dans la veine naturaliste des portraits d’Olivier dans lesquels le modèle est parfaitement identifiable et très proche des photographies prises à l’époque de leur vie commune au Bateau-Lavoir. Un dessin (1906, coll. part., Z. VI, 748) et deux huiles sur toile de 1906 (MFA, 2004.446 et coll. part., Z. XXII, 331) reprennent ce même type de portrait. Brigitte Baer propose une datation à l’été 1906, période durant laquelle Picasso réalise de nombreux portraits d’Olivier, à Gósol puis à Paris. Toutefois, les propos de la compagne de l’artiste dans son ouvrage Souvenirs intimes (1988) pourraient indiquer une réalisation antérieure, durant l’hiver. Dans ses mémoires, elle dit en effet avoir servi de modèle pour une gravure, au milieu du froid terrible qui règne dans l’atelier, peu après les fêtes de fin d’année. Cette « pointe sèche d’après moi », selon les mots de Fernande Olivier, pourrait bien être ce portrait.

Charlotte Quiblier, janvier 2022