On retrouve dans ce nu féminin couché la tradition picturale des odalisques d’Ingres et des représentations de Vénus à travers les siècles. Il s’inscrit chez Picasso dans les recherches stylistiques et les tentatives d’épuration formelle du corps humain que l’artiste poursuit depuis son séjour estival à Gósol. La gamme chromatique réduite, limitée essentiellement au bleu, à l’ocre et au rose, accentue la sensualité du corps pris entre deux aplats de couleur et dont la poitrine est délicatement soulignée. Ce dessin peut être rapproché d’une autre Femme nue couchée (1906, BMA, 50.12.651) réalisée le même automne et allongée dans une position similaire, ainsi que d’un portrait de Fernande exécuté quelques mois plus tôt : Nu couché (Fernande) (1906, CMA, 1954.865) dans lequel on retrouve la même gamme de couleurs. Dans l’oeuvre appartenant au musée Picasso, les traits du visage ne sont plus reconnaissables, et le dessin est plus lâche. Seul le coussin coloré, sur lequel se détachent couleurs et motifs, échappe au processus de simplification mis en oeuvre dans la composition. L’oeuvre a appartenu à André Level, qui réunit au cours de sa vie un ensemble important de gouaches et dessins de l’artiste, notamment des périodes bleue et rose.